Les métiers du jeu vidéo
Vous êtes nombreux à vouloir faire du jeu vidéo votre métier. Vous avez bien raison ! C'est un domaine très riche, nécessitant des compétences variées, et à la pointe du multimédia. Si vous êtes réellement déterminé, il y a de fortes chances pour que vous y trouviez votre bonheur !
Mais l'univers du jeu vidéo peut paraître insensé, inaccessible, flou - voire pas sérieux pour des parents méfiants. Et se renseigner n'est pas toujours évident. Suivez donc ce petit guide des métiers du jeu vidéo et des formations adéquates pour y voir un peu plus clair. Et vous verrez que le jeu vidéo, ce n'est pas s'amuser !
Est-ce un domaine fiable ?
Fiable, le jeu vidéo ? Oui ! Depuis la légendaire époque du jeu réalisé par deux potes au fond d'un garage, l'industrie du jeu vidéo a bien grandi. Désormais, si faire des jeux tout seul n'est pas impossible, il est bien difficile d'en vivre ! Faire du jeu vidéo aujourd'hui, c'est travailler dans une entreprise, en équipe. Un métier "comme les autres", mais exercé dans un but assez hors-norme : créer du divertissement.
Comme tous les secteurs, le jeu vidéo connaît des périodes plus ou moins bonnes, mais d'une manière générale, il se porte très bien. Il s'en tire même mieux que d'autres : quand les temps sont durs, on continue à avoir besoin de se distraire...!
C'est aussi un secteur en pleine expansion. Les joueurs purs et durs sont toujours aussi passionnés, mais surtout, de nouveaux joueurs pointent le bout de leur nez. Le public qui ne se sentait pas concerné par les jeux vidéo a de plus en plus tendance à s'y mettre, et ce grâce à des jeux vidéo qui leurs sont adaptés. Jeux de réflexion pour seniors, jeux à jouer dans le métro pour gens pressés, jeux conviviaux, jeux pour les touts petits, jeux dédiés aux filles... Tout le monde peut jouer !
Et si vous n'êtes pas encore convaincus, sachez que le chiffre d'affaire de l'industrie du jeu vidéo dépasse largement celui du cinéma ! Le jeu vidéo, c'est bien une industrie de loisirs en plein essor. Et qui dit secteur qui grandit, dit secteur qui recrute...
Si vous vous orientez vers le domaine du jeu vidéo, vous ne vous retrouverez pas pour autant forcément chez Nintendo, EA, Blizzard ou les autres grands ! Il y a plus de chances pour que vous développiez des jeux plus modestes, peu connus, pour des supports parfois moins attirants (jeu Flash, jeu mobile...). Ce n'est pas forcément moins intéressant !
En outre, les portes des grands studios ne sont pas toutes hermétiquement fermées. Avec de l'expérience, qui sait où vous pourrez arriver ?
Game designer
En quoi ça consiste ?
Le game designer est celui qui invente le jeu. Un jeu vidéo, c'est avant tout un gameplay, c'est-à-dire un ensemble de règles qui, en s'assemblant, créent un système de jeu. Le game designer est chargé d'inventer ces règles. Mais il doit aussi les arranger entre elles, anticiper toutes les réactions des joueurs, éviter les situations bloquantes, équilibrer la frustration et la facilité...
Comment travaille-t-il ?
Il n'y a pas d'outil propre au game designer, qui utilise des logiciels assez communs : Word, Visio, Excel... voire une pochette de feutres ! Le game designer passe la plupart de son temps à rédiger des documents et à identifier des problèmes pour y apporter les meilleures solutions possibles (peu coûteuses, originales, réalisables dans les temps...). Être game designer demande de faire preuve de beaucoup de créativité, non seulement pour être original dans les concepts proposés, mais aussi pour anticiper et solutionner les futurs problèmes.
Quelles qualités attend-on d'un game designer ?
- Etre créatif : faire du neuf avec du vieux, avoir de nouvelles idées, réfléchir vite au maximum de choses, voir tous les aspects d'un mécanisme ou d'un système.
- Etre réactif : le temps manque toujours quand on fait du jeu vidéo. Il faut être rapide et productif !
- Etre curieux : se tenir au courant de ce qui existe permet de solutionner rapidement des problèmes. Savoir de quoi parlent les autres corps de métiers est un atout incroyable pour savoir ce qui est faisable et ce qui ne l'est pas. Un game designer doit savoir un peu de tout !
On cite parfois le game designer comme l'auteur du jeu (Will Wright pour The Sims, Peter Molyneux pour Fable, Shigeru Miyamoto pour Zelda et Mario...) mais ce sont des cas très rares. D'ailleurs, le game designer n'est PAS l'auteur du jeu... mais simplement son game designer !
Si vous êtes game designer, vous resterez probablement aussi peu connu que les autres personnes qui participent au projet. De plus, vous travaillerez probablement avec d'autres game designers.
Pour vous orienter vers cette voie, commencez par relativiser votre ego et accepter le fait que vous n'avez pas le monopole des meilleures idées au monde ! Apprenez à écouter les autres et à faire des concessions. Sachez aussi qu'on vous demandera rarement de créer le jeu dont vous rêvez, mais souvent des jeux auxquels vous n'auriez même pas envie de jouer. Vous ne faites pas des jeux pour vous, mais pour les autres !
Dernière chose : vous passerez relativement peu de temps à imaginer le jeu (au stade de concept) et beaucoup plus à le peaufiner, le corriger, l'affiner... dans ses moindres détails, même les moins excitants. Le métier de game designer n'est pas de tout repos !
Chef de projet
En quoi ça consiste ?
Un jeu vidéo, idéalement, doit être réalisé avec une qualité optimale, dans des délais très courts, et pour un budget minimal. C'est évidemment impossible, et le chef de projet est celui qui doit faire en sorte que le projet s'en rapproche le plus possible ! Gestion des emplois du temps de toute l'équipe, cohésion, priorités... sont les points qu'il doit surveiller en permanence.
Comment travaille-t-il ?
Etre chef de projet, c'est gérer un projet et l'équipe qui y travaille. Le chef de projet n'est pas le chef tout court !
Il existe des méthodes et des outils très précis qui permettent de chiffrer au mieux le temps et les ressources nécessaires. Le chef de projet doit anticiper et détailler au mieux et au plus tôt. La communication avec l'équipe est cruciale, autant pour écouter les problèmes et ajuster les délais et les priorités, que pour communiquer à l'équipe ce qu'elle doit faire et dans quel ordre.
Le chef de projet passe beaucoup de temps à rédiger des emplois du temps et des documents, mais aussi à organiser des réunions et dialoguer avec l'équipe !
Quelles qualités attend-on d'un chef de projet ?
- Etre rigoureux : ne rien laisser passer, penser à tout, chiffrer tout et de manière réaliste...
- Etre communicant : on travaille avec et pour l'équipe, il faut donc lui parler et devenir son rouage central, celui qui articule tous les autres !
- S'y connaître en tout : pas besoin d'être un spécialiste, mais le chef de projet doit savoir de quoi parlent tous les autres membres de l'équipe. Il faut s'intéresser à tout et se former au maximum !
Le chef de projet n'est ni le roi, ni le chef, ni le décideur. Il travaille avec les autres, les autres ne travaillent pas pour lui !
Être chef de projet ne signifie pas donner quelques indications puis se tourner les pouces. Un chef de projet doit être présent tout le temps. On l'imagine difficilement, mais c'est un poste auquel on peut rapidement se retrouver overbooké si on n'est pas organisé. Un travail à plein temps !
Graphiste 2D
En quoi ça consiste ?
Les graphismes sont cruciaux car, souvent, ce sont eux qui donnent envie d'essayer ou pas le jeu. Ils retranscrivent l'ambiance et donnent une identité visuelle au jeu. Ceux qui les réalisent sont les graphistes. Les graphistes 2D sont ceux spécialisés dans la 2D, c'est-à-dire les images "plates", type dessin.
Comment travaille-t-il ?
Le travail d'un graphiste 2D s'étend des recherches (crayonnés, croquis, illustrations...) aux images utilisées dans le jeu, en passant par les animations. Un domaine réellement vaste !
Bien qu'il passe beaucoup de temps à travailler en infographie (colorisation numérique, dessin vectoriel etc... tout à l'ordinateur), le graphiste est souvent appelé à utiliser des techniques de dessin plus traditionnelles. Le graphiste doit savoir dessiner de tout, s'adapter à plusieurs styles de dessins, et dessiner vite !
Quelles qualités attend-on d'un graphiste ?
- Etre balaise : connaître et maîtriser un maximum de techniques.
- Etre efficace et rapide : la quantité d'assets (comprenez éléments) graphiques à produire est généralement conséquente, et en peu de temps !
- Etre souple : savoir faire de tout, savoir dessiner dans un autre style que le sien, accepter de refaire plusieurs fois certains dessins...
Un graphiste n'est pas un illustrateur ! Vous dessinerez rarement ce que vous avez envie de dessiner. Le character design (inventer le look des personnages), qui fait rêver beaucoup d'aspirants graphistes, est une tâche minoritaire par rapport à tout le reste !
Soyez prêt à dessiner des interfaces (boutons, symboles, icônes, barres de menus...), des effets graphiques (explosions, traînées, poussières...), des décors...
Soyez prêt à animer dans toutes les directions - les héros, les ennemis, les éléments du décor qui bougent !
Soyez prêts aussi à dessiner des centaines d'éléments du même type, à devoir jeter ou modifier certaines propositions, à dessiner des choses qui ne vous intéressent pas du tout...
Graphiste 3D
En quoi ça consiste ?
De plus en plus de jeux sont en 3D, c'est-à-dire en relief, en profondeur, dans lequel on se déplace librement. Dans ces jeux, tous les éléments doivent être créés en trois dimensions. Il existe des graphistes spécialisés dans ce domaine ! Le graphiste 3D va donc "sculpter" tous les modèles nécessaires au jeu...
Comment travaille-t-il ?
Le graphisme 3D demande plus de logique, et moins de talent d'illustration que la 2D - en général. En effet, le graphiste 3D est plus confronté à des problématiques de cohérence, réalisme, agencement... et travaille souvent d'après des modèles 2D qu'il n'a pas besoin d'inventer. Les logiciels de 3D utilisent énormément de notions de géométrie dans l'espace et de formules mathématiques !
Réaliser un modèle 3D est généralement plus complexe qu'un modèle 2D, c'est pourquoi il arrive que l'on sépare le modeling (modeler le personnage ou les éléments), l'animation (faire bouger les éléments déjà modelés) et le texturing (créer et appliquer une texture, en 2D, sur un modèle 3D afin d'en dessiner les détails).
Quelles qualités attend-on d'un graphiste 3D ?
- Etre rigoureux : produire des éléments de qualité, mais aussi s'agençant parfaitement entre eux.
- Etre efficace et rapide : en 3D comme en 2D, il y a toujours énormément d'éléments à produire en peu de temps !
- Avoir une bonne maîtrise : savoir penser dans l'espace, connaître le logiciel dans ses moindres recoins...
Le graphisme 3D n'est pas simple au premier abord. C'est un apprentissage à part entière qui demande d'assimiler le fonctionnement d'un ou plusieurs logiciels au fonctionnement souvent un peu tordu... Aussi, ne pensez pas que la 3D est plus facile que la 2D parce qu'il n'y a pas besoin de savoir super bien dessiner !
Le graphiste 3D dans le jeu vidéo est confronté à des problématiques qu'on ne retrouve pas dans le cinéma : faire des modèles simples (plus ils sont complexes, plus ils demandent de calculs et plus il faut que le joueur ait une machine puissante pour les afficher !), prévoir des animations qui s'enchaînent bien entre elles, etc...
Programmeur
En quoi ça consiste ?
Le jeu marche grâce à eux : les programmeurs. Ce sont eux qui construisent l'intégralité du jeu, créent l'intelligence des ennemis, codent le comportement du personnage... Bref, ils font en sorte que tout fonctionne !
Comment travaille-t-il ?
Le programmeur doit encoder l'ensemble du jeu, depuis l'univers jusqu'au moindre de ses détails. Selon le moteur de jeu utilisé, il aura plus ou moins de comportements pré-existants... voire pas du tout si le moteur doit être codé par le programmeur lui-même !
La tâche des programmeurs est si vaste que, souvent, ils travaillent en équipe. On peut alors avoir un programmeur spécialisé dans le moteur du jeu, un autre pour les comportements, un autre pour le moteur graphique...
Quelles qualités attend-on d'un programmeur ?
- Etre logique : la programmation est une affaire de logique, de rigueur. Il vaut mieux aimer les mathématiques, l'abstraction et la physique.
- Etre propre : le gros défaut de beaucoup de programmeurs, c'est de coder pour eux-mêmes et sans souci de clarté. Dans le milieu professionnel, les codeurs travaillent souvent à plusieurs : il faut être extrêmement rigoureux pour que n'importe qui puisse réutiliser le code !
- Savoir recommencer : outre les nombreux bugs, on demande souvent au programmeur de modifier certaines choses qui ont demandé des heures de travail, car le projet change souvent au fil de la production...
Etre programmeur signifie souvent travailler dans l'ombre. Le public voit facilement les bugs, mais oublie souvent de remarquer les choses qui fonctionnent bien !
Si vous êtes un féru de programmation pure et dure, que vous aimez les lignes de code, pensez aussi que le programmeur se charge de tâches qui peuvent s'avérer moins logiques... et plus embêtantes. L'intégration des sons et des graphismes, par exemple. Il faut aussi faire en sorte que le jeu ne rame pas, ne plante pas, soit compatible avec tous les ordinateurs, etc.
Level designer
En quoi ça consiste ?
Le level designer est en quelque sorte l'architecte d'un niveau. A partir d'éléments basiques (par exemple sols, murs, pièges, obstacles...), il doit inventer l'organisation de tous les niveaux du jeu en créant une difficulté progressive, des exercices toujours neufs pour le joueur, et du fun à parcourir les niveaux.
Comment travaille-t-il ?
Le level designer se rapproche plus du game designer que du graphiste ; parfois, game et level designers ne sont qu'une seule personne. Le level designer ne se soucie généralement pas de l'esthétique du niveau, qui sera réalisée par les graphistes, mais de son agencement.
La première partie du travail d'un level designer est le level design "papier". Avec des moyens très basiques (logiciel de mise en page, feuille et crayon, prototype...), le level design doit inventer les situations les plus intéressantes et variées possibles avec relativement peu d'éléments !
Puis vient le moment du building, c'est-à-dire de la réalisation du niveau dans un éditeur de jeu. Il s'agit de replacer les éléments aux emplacements prévus dans la phase précédente. Les paramètres de taille, durée, longueur d'un niveau, taille des sauts... sont à prendre en compte pour un level design optimal !
Quelles qualités attend-on d'un level designer ?
- Etre prolifique : un bon jeu est un jeu qui propose une grande variété de situations avec peu d'éléments. Essayez donc de proposer une centaine de niveaux intéressants avec seulement quatre types d'éléments différents !
- Etre minutieux : placer les éléments au poil près, réfléchir à toutes les situations, et être capable de rester zen face à un éditeur de niveau pas toujours facile à prendre en main.
- Savoir jeter et recommencer : on se rend toujours compte trop tard que tel niveau est trop difficile, tel autre trop court... On demande aussi souvent au level designer de proposer largement plus de niveaux que ce dont on a besoin : cela permet de garder les meilleurs.
Le level designer ne se tourne pas les pouces. La quantité de travail à produire est souvent grande, et concevoir un seul niveau est souvent bien, bien plus long que ce que l'on croit ! Renouveler ses idées et sa créativité après avoir déjà proposé 50 situations, pour en trouver une 51ème, est une tâche difficile.
Le level designer ne fait pas que des jeux de plate-forme ! Il faut du level design pour tous les jeux qui proposent aux joueurs des environnements prédéfinis : des circuits des jeux de voiture aux arènes de jeux de combat, en passant par la taille des terrains et les ressources dans les jeux de stratégie !
Idéalement, un éditeur de niveaux ressemble à ceux que l'on trouve dans certains jeux, à une boîte de Lego, ou au mode construction des Sims. Détrompez-vous ! Puisqu'ils sont uniquement destinés aux développeurs du jeu (et pas au public), il arrive que les éditeurs développés par les programmeurs soient strictement fonctionnels et un peu difficiles à utiliser. Les fonctions de base seront assurées, mais certaines opérations peuvent s'avérer très longues et très répétitives si l'éditeur renâcle...
Sound designer
En quoi ça consiste ?
Le son véhicule les émotions - mieux que l'image ! - mais il sert aussi d'avertissement sonore, d'ambiance, de voix pour les personnages... Le sound designer s'occupe donc de toute la partie sonore d'un jeu : musiques, bruits dans le jeu, voix, bruitages sur les menus et les actions du joueur...
Comment travaille-t-il ?
Les sound designers travaillent la plupart du temps avec des logiciels qui simulent une très grande variété d'instruments. Cela leur permet de retranscrire n'importe quelle univers sonore sans s'acheter un orchestre !
Le réglage des sons est primordial ! C'est très technique et minutieux : comment donner l'impression que ce son vient de loin ? comment retranscrire la petitesse d'une pièce, les résonnements d'une caverne ? comment faire faire une boucle à la musique sans que le joueur l'entende ? comment éviter que les cris d'oiseaux deviennent répétitifs ?
La localisation, c'est-à-dire l'adaptation du jeu dans une autre langue, peut s'avérer très complexe pour les sound designers. Enregistrer des voix, les faire coller au jeu - et aux mouvements de lèvres des personnages - n'est pas facile !
Quelles qualités attend-on d'un sound designer ?
- Etre doué en musique : la composition musicale n'est pas une mince affaire. A la fois question de talent et de capacités techniques, mais aussi d'ouverture d'esprit - comme pour les graphistes, on demande rarement aux sound designers de faire la musique qui leur plaît. Il faut savoir tout faire !
- Etre doué en sons : être ingénieux pour trouver les sons qui correspondent, savoir transformer des bruits du quotidien, savoir retranscrire une ambiance ou véhiculer des messages par des sons.
- Etre rigoureux : peu de temps, peu de budget, beaucoup de sons à produire ! Il faut savoir aller vite mais aussi se conformer à des nomenclatures (manière de nommer les fichiers) très précises, évaluer ses besoins, se conformer à des exigences strictes en matière de poids des fichiers.
Le sound design est souvent la partie la plus bâclée d'un jeu : réalisé à la fin, à la va-vite, avec un budget tellement serré que réussir à produire du son est un challenge ! En effet, certaines productions ont tendance à négliger le son en partant du postulat que beaucoup de joueurs jouent sans. Ce n'est pas toujours le cas, mais sachez que ça arrive.
Vous ne deviendrez probablement ni Nobuo Uematsu (compositeur des musiques de Final Fantasy) ni Koji Kondo (celui des musiques de Mario et Zelda)...! Le sound designer fait plus de bruitages que de musique. Attendez-vous à produire plus de bruits de portes - ou de bruits abstraits, comme des bruits de clics - que de grands thèmes qui traverseront l'histoire du jeu vidéo.
Enfin, gare au doublage et à la localisation. Quelle que soit la langue, réussir à faire parler des personnages de jeu est un challenge énorme. Textes à durées variables selon les langue, faible nombre de comédiens, synchronisation des lèvres bancale : cela demande de l'expérience et de la minutie !
Autres métiers du jeu vidéo
Ergonome
Poste essentiel, mais hélas uniquement présent dans les grosses entreprises, l'ergonome est celui qui fait en sorte que le jeu convienne à son joueur ! Il s'occupe de la mémorisation et de l'attention : par exemple de vérifier qu'on n'apprend pas trop de chose au joueur débutant, qu'il n'y a pas trop d'informations à l'écran ou encore que les sessions de jeu s'adaptent au cycle du cerveau du joueur. Il vérifie aussi l'accessibilité : boutons faciles à cliquer, pas trop d'étapes pour démarrer un jeu, etc...
Scénariste
Ne rêvez pas trop : si un bon jeu a besoin d'un bon scénario, il y a peu de chances qu'on vienne chercher un parfait inconnu pour s'en occuper. Rares sont les boîtes qui disposent d'un scénariste dévolu à ce seul rôle. Il peut être assuré par une personne compétente au sein de la boîte, cumulé avec un autre rôle (fréquemment game designer). Les grands studios travaillent aussi souvent avec des auteurs de romans, de cinéma ou de bande dessinée. Et c'est dommage, car le scénario d'un jeu vidéo est différent d'un scénario linéaire, puisqu'il se construit sur le principe de l'interactivité.
Testeur QA
Nombreux sont ceux qui rêvent d'être testeurs. Attention, il ne s'agit pas de jouer en avant-première aux meilleurs jeux de l'année, mais bien de tester en long et en large des jeux tellements buggés qu'ils ne sont pas encore jouables ! Le testeur QA doit chercher, voire provoquer le plus de bugs possible. Il les répertorie ensuite dans des documents ou bases de données, le plus clairement possible, afin de donner aux programmeurs et aux autres développeurs la possibilité de le vérifier et le corriger. Un travail de fourmi ! La bonne nouvelle, c'est que ça recrute : même sans diplôme, vous pourrez assez facilement trouver un stage ou un petit boulot comme testeur.
Journaliste spécialisé
Celui qui teste des jeux avant tout le monde, c'est lui. Mais pour se faire une place dans la presse spécialisée, pas facile ! Les magazines qui se partagent le devant de la scène sont peu nombreux. Pour avoir une toute petite chance, prévoyez d'avoir une bonne plume, une grande culture vidéoludique, un sacré esprit d'analyse et une bonne ouverture d'esprit. Et de la chance. Beaucoup.
Editeur
L'éditeur d'un jeu est la personne ou la société qui s'occupe d'y investir de l'argent. En échange, le jeu porte son logo et lui appartient. Mais l'éditeur n'est pas une machine à cracher de l'argent : il fait la promotion du jeu, s'occupe de le publier en boîte (si c'est prévu) et le distribue dans les magasins. Il doit aussi assurer sa propre survie en établissant un plan éditorial : prévoir ce qui va plaire demain, éviter de sortir deux jeux identiques, sortir ses jeux au bon moment.
Où travailler ?
Le jeu vidéo est un domaine qui demande tant de compétences différentes et en si peu de temps qu'il est quasiment impossible de travailler seul. Si vous travaillez dans ce domaine, vous serez inévitablement embauché par une entreprise. Mais le jeu vidéo est un domaine large : on ne vous demandera pas la même chose selon la taille et le domaine de l'entreprise !
Gros studio
Les grosses boîtes de jeu vidéo qui se partagent le marché sont, en fait, relativement peu nombreuses. Vous les connaissez : Eidos, Electronic Arts, Nintendo, Ubisoft... Qu'ils soient seulement éditeurs ou qu'ils aient leur propre studio de développement, ce sont des géants qui ont beaucoup de moyens et peuvent se permettre une diffusion très large. C'est pour ça qu'on n'entend parler (que) d'eux !
- Stabilité : une grosse entreprise, probablement stable, peut signifier un plus gros salaire. Vous pouvez compter sur une hiérarchie plus solide même si vous fonctionnez dans des unités de travail plus petites. Certaines grosses entreprises disposent aussi de nombreuses infrastructures en interne, type restaurants, salles de spectacle.
- Faire du jeu AAA : seules les grandes entreprises ont les moyens de développer des jeux vidéo à gros budget et largement médiatisés.
- Se spécialiser : les grandes entreprises emploient des experts à des postes pointus. Si votre domaine, c'est la 3D, vous ne vous chargerez que du modeling, ou que de l'animation, ou que des textures. C'est aussi dans ces grandes boîtes que vous trouverez des postes plus rares tels qu'ergonome.
- N'être qu'un rouage : vous êtes des centaines, voire des milliers, à travailler sur le même projet, ce qui rend plus difficile l'appropriation d'un jeu.
- Moins de variété : en tant que spécialiste dans un domaine, vous aurez des choses moins variées et plus spécifiques à faire.
Petit studio / startup
Les petits studios de développement de jeu vidéo existent ! On les voit moins, car ils n'occupent pas le marché le plus visible. En effet, ces studios s'occupent souvent de jeux téléchargeables (Flash, mobiles, internet) ou de serious gaming (jeux à vocation "sérieuse", jeux publicitaires). Certains font aussi du jeu indépendant, souvent plus original que les blockbusters, mais en prenant plus de risques et avec des moyens très limités. Quoi qu'il en soit, l'essor du téléchargement et l'intérêt général pour le jeu vidéo font que ces petites entreprises ont le vent en poupe !
- A échelle humaine : les employés sont peu nombreux, donc proches les uns des autres. La hiérarchie est moins rigide, les groupes de travail souvent très conviviaux !
- Plus d'impact sur le projet : comme les équipes sont petites, il y a davantage de chances de se sentir impliqué dans le jeu qu'on développe. De plus, vous pourrez plus facilement occuper des postes divers qui vous tiennent à coeur, ou changer de casquette : vous ne vous ennuierez pas !
- Peut-être pas les projets dont vous rêviez mais l'entreprise peut difficilement prendre de gros risques et doit assurer sa sécurité en gagnant de l'argent. Ce ne sont pas des projets inintéressants pour autant, mais ils demandent un peu plus de maturité pour être appréciés en tant que développeur...
- Moins de stabilité : les petites structures sont forcément plus soumises aux aléas des contrats. Mais ce sont évidemment des généralités : tout dépend de l'entreprise dans laquelle vous travaillerez !
Développeur indépendant
Rejoindre un studio, est-ce vraiment nécessaire ? Il suffit de passion, d'un ordinateur, deux ou trois potes et direction le succès ! En réalité, percer dans le milieu indépendant est très improbable : derrière les quelques grands succès que l'on connaît (Minecraft, Super Meat Boy...), des milliers de jeu ne parviennent pas à se faire connaître et ne rapportent pas un centime, indépendamment de leur qualité.
- With love ! Faire de l'indé, c'est le meilleur moyen de créer des jeux qui vous plaisent avec votre coeur et vos tripes.
- Surcharge de travail : il n'est pas rare de devoir faire des heures supplémentaires dans le jeu vidéo, en général. Mais quand l'équipe est réduite et que vous ne pouvez compter que sur vous-même, soyez sûr que vous y laisserez des plumes...!
- Vous n'en vivrez pas : statistiquement parlant, vous n'avez aucune chance que votre jeu soit connu et vous rapporte de l'argent. Ne misez pas tout là-dessus.
Sociétés externes
On peut faire du jeu vidéo sans être dans le milieu. Les grands studios ont recours à des sociétés externes pour certains points qu'elle ne veulent ou peuvent pas traiter elles-mêmes, par exemple pour l'enregistrement des doublages des voix, les traductions, les cinématiques, le scénario, le QA test...
- Sans attaches : vous pouvez travailler sur des projets distincts avec des boîtes différentes tout en restant indépendant.
- Vous ne ferez peut-être pas que du jeu vidéo : il se peut que vous fassiez aussi des prestations pour des projets moins amusants. Il faut aussi aller à la recherche des contrats et se donner une bonne visibilité, sans quoi se faire une place est difficile !
Le site de l'AJFV recense les offres d'emploi spécifique au jeu vidéo. N'hésitez pas non plus à consulter leur liste de studios et à envoyer des candidatures spontanées à ceux qui vous intéressent vraiment.
Où étudier ?
Il existe de très nombreuses écoles (souvent privées et payantes) qui peuvent vous former aux métiers du jeu vidéo. Certaines sont dédiées au jeu vidéo, d'autres vous forment plus globalement, libre à vous ensutie d'appliquer ces compétences au jeu vidéo. Plutôt que de les lister toutes ici, n'hésitez pas à vous procurer un des nombreux guides, régulièrement mis à jour, qui font un tour d'horizon complet.
Citons tout de même les deux écoles françaises qui se partagent historiquement le haut de l'affiche :
- Supinfogame, école privée et payante, qui recrute niveau Bac (cycle préparatoire) et Bac+3 (cycle supérieur). Elle propose trois filières : Game Design, Game Art et Game Programming. Au campus français situé à Valenciennes (Nord) viennent s'ajouter deux autres écoles, une en Inde (Puné) et une autre au Canada (Montréal).
- L'ENJMIN, école publique, qui ne recrute qu'au niveau Bac+3. Elle propose six filières (Game Design, Conception visuelle, Conception sonore, Programmation, Ergonomie et Chef de projet) et se trouve à Angoulême.
...mais bien sûr, il en existe plein d'autres, plus ou moins bonnes. Pour faire le tri, n'hésitez pas à les contacter mais surtout à aller aux portes ouvertes pour discuter avec les étudiants !